Abdelaziz Bouteflika couronné par la fraude

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Ce n’est qu’un combat acharné entre le FLN ‘’redresseur’’ et le FLN‘’congressiste’’ 

 

Ironie socratique, tout est calculé par les faiseurs de victoire électorale pour que la ‘’fraude’’ métamorphosée en plébiscite, au bénéfice de ‘’little big man’’, soit célébrée ! Hasard ou intentionnée, assistions-nous à la résurrection du régime absolutiste inauguré par les FLN-ALN ?

 

« Il est encore trop tôt pour percer l'énigme du 8 avril: comment le président a-t-il pu piéger les généraux et l'appareil du FLN? Connivence? Chantage? Habileté décisive dans l'art de la falsification et de la mise en scène? », se demandait Mohamed Benchicou, directeur du Matin et auteur de l’ouvrage ‘’Bouteflika une imposture algérienne’’.

 

On vit dans un monde empli d’énigmes fabriquées par ‘’La grande muette’’. A-t-elle soutenue oui ou non Bouteflika ?  Comment lui a-t-elle donné le biberon?

Gavé d’un score ahurissant pour entamer un second quinquennat. Nous revoilà partis pour une mandature qui ne rendra le tablier qu’en l’année 2009 ! 

Ni Zidane et ni Schumaker n’auraient fait autant dans leurs matchs ou dans leurs formules 1 ! Et de mémoire des présidentielles, transpirant une démocratie de par le monde, rares sont les présidents qui s’empiffrent de tel résultat au premier tour. Sauf bien sur les présidents putschistes et à vie.

 

Résultat du Tiercé

 

La donne est connue d’avance par ceux qui savent lire entre les lignes, et qui décodent le bagout ensorceleur du natif de Oujda. Il est évident que ‘’les choses qui fâchent’’ ça n’intéresse pas que les oisifs, autant que les Enarques, les étudiants en sciences po. Ca vient de soi pour toute citoyenneté de proximité.

Ceci dit, le résultat donné par l’inamovible et sanguinaire ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nouredine Yazid Zerhouni, n’était pas une surprise aussi pour les compagnons du dandy des basse-cours des pays du Golfe.  84,99% des suffrages lui sont tombés dessus comme une avalanche du haut du Djurdjura. Il moissonne manches retroussées presque 9 millions de voix ( en tout cas ni la mienne et ni celle de mon chat !)


Qui croirait à ce résultat ?  Dans aucune démocratie, cela ne sera ainsi, tant les compétences crédibles des autres candidats sont pourvoyeuses de voix. C’est de la poudre aux yeux !

« Le pouvoir absolu corrompt absolument et l’illustration flagrante de ce mot célèbre est la perversion délibérée et permanente du suffrage universel. Personne n’ignore, en effet, que le «scrutin» présidentiel est tout spécialement cuisiné par les décideurs, d’amont en aval, et dans toutes ses séquences. «Le président» étant investi d’avance par les décideurs, la question qui se pose aujourd’hui est : pourquoi ne se sont-il pas encore mis d’accord sur un candidat ? » s’interroge-t-il Aït Ahmed au journal El Watan daté du 21 décembre 2003.

 

Les fraudes sont courantes et se pratiquent en tout lieu. C’est le secret de Polichinelle. Les urnes lugubres pourraient changer de mains en un clin d’œil. Les prestidigitateurs, il y en  à la pelle, ils se recrutent dans les foires foraines.

« Voici quelques échantillons qui donnent une idée sur l’ampleur, la brutalité et la sophistication des techniques qui président aux falsifications des scrutins. Les listes électorales sont surchargées par des centaines de milliers d’électeurs et électrices décédés ou non identifiés. En l’espace de deux semaines, le nombre d’électeurs est passé de 14 à 17 millions, lors de la présidentielle de 1995. Les élections communales qui ont vu le triomphe époustouflant du RND, ce bébé né moustachu comme on l’a surnommé, donnèrent lieu à une débauche d’interventions répressives et d’OPA militaro-policières, sur les bureaux de vote et à ciel ouvert. A l’occasion des récentes législatives, de véritables commandos d’électeurs déjà inscrits dans plusieurs bureaux de vote sillonnèrent la capitale pour accomplir tranquillement leur devoir de truquage en faveur d’une formation politique bien plus ancienne. d'éclatement de l'offre électorale et de tendance à la dispersion des voix. » expliqua Aït Ahmed.

 

Le président par défaut, a fait mieux que Napoléon ! D’ailleurs, il adore se comparer. En plus, il est heureux d’être plus grand que lui de 2 cm, et même que sa moustache soit poivre et sel, le cheveu rare plaqué avec du gel de gauche vers la droite.

Lisant l’histoire de Napoléon: « Réélu en septembre dans cinq départements, il se présente à la présidence de la République le 10 décembre. Les monarchistes du parti de l’Ordre, qui n’ont personne à présenter, se rallient à Louis-Napoléon, faute de pouvoir obtenir des garanties du candidat des républicains modérés, Cavaignac, que la répression des journées de juin a d’ailleurs rendu impopulaire. Louis-Napoléon, seul candidat dont le nom soit connu des ruraux, est élu par 5 434 000 voix contre 1 448 000 à Cavaignac et 370 000 à Ledru-Rollin. Ce triomphe est pourtant assombri par la promulgation de la Constitution de la IIe République limitant son mandat à quatre ans. Habile politicien il va réduire à néant l’opposition républicaine, laisser les conservateurs se discréditer eux-même.Ne pouvant faire modifier la Constitution, il décide de faire un coup d’Etat aidé dans son projet par Charles de Morny (son demi-frère), Persigny, Maupas et Saint-Arnaud. Au matin du 2 décembre 1851, date anniversaire du sacre de Napoléon Ier et de la victoire d’Austerlitz, une proclamation est affichée dans les rues de Paris, annonce la dissolution de l’Assemblée, le rétablissement du suffrage universel et un plébiscite qui l’autorisera à donner à la France des institutions renouvelées de l’Empire (…) Malgré tous les pouvoirs qu’il détient, sa situation de président ne le satisfait pas. Il organise le 21 novembre 1852 un nouveau plébiscite destiné au rétablissement de la dignité impériale. La réponse est sans équivoque : 7 824 000 de « oui » contre 253 000 de « non ». Charles Louis Napoléon devient Napoléon III. » Pascal Perrineau

Ce texte historique du règne de Napoléon lui colle à la peau et ne peut s’en défaire. Alors que la société française a beaucoup évolué depuis. Il reflète ce dont il se nourrit pour placer ses jalons dits démocratiques. A nous de tirer des leçons sur le cheminement  politique de ce Little big man.

 

 

 
Scénario sanglant

 

D’après le journaliste du Soir d’Algérie Kamel Amarni, un scénario criminel était prévu à la soirée du jeudi 8 avril. Puisque, Bouteflika était donné perdant au scrutin présidentiel 2004. Le scénario est tracé ainsi :Première étape : Annonce de faux résultats sur l’ENTV avant même la clôture de l’opération électorale, les bureaux de vote ne fermant pourtant qu’à 20h00 sur l’ensemble du territoire national. Toute l’opération médiatique est orchestrée par  son frère Saïd Bouteflika. En outre, des sondages fictifs en fixant les “taux” (participation, score…). Deuxième étape : Les walis prendront le relais dans la soirée pour préparer des scènes de “liesses populaires spontanées” à travers les quarante huit wilayas. Des organisations et associations acquises, des délinquants recrutés seront les clowns du show. Tout “ce beau” monde sera doté de tout l’attirail festif qu’il faut, en plus des moyens de transport, d’hébergement et de restauration nécessaires. Ce qui a fait dire à Ahmed Ouyahia, qui chapeaute cette opération avec Daho Ould Kablia, lors d’un récent meeting ce qui suit : « Préparons-nous à la fête dès jeudi soir ! » L’objectif de l’opération, personne n’en doute, est de fortifier cette sorte de fait accompli psychologique.Troisième étape: La DGSN de Ali Tounsi se chargera du reste. Conscient de la gravité de ce véritable viol contre le peuple, la Constitution, la Nation et ses conséquences immédiates, Bouteflika veut aller jusqu’au bout de sa logique de la terre brûlée. Des sources très bien informées font ainsi état d’une mobilisation sans précédent du dispositif de sécurité. Non pour veiller au bon déroulement des élections mais pour mater, dans le sang si nécessaire, toute manifestation publique hostile ou contestataire. Les régions jugées sensibles feront l’objet, selon ce même scénario, d’un traitement particulier. Alger, la Kabylie et l’est du pays, précisément, et où la déroute électorale annoncée par les différents sondages est particulièrement sévère. « Je passe ou je casse. »

A la salle Harcha, il avait lancé ceci : « Un président qui n’obtiendra pas la majorité écrasante du peuple n’a qu’à rentrer chez lui ». Comme ce fut le cas un certain 15 avril 1999, Bouteflika s’adressait, là, à l’ANP. Décodé, cela donne ceci : « Pas de deuxième tour ».


Exemple de la France


Si on prend l’exemple de la France (sans un être un exemple idéal de démocratie) aucune des élections présidentielles n'a enregistré, depuis 1965, la victoire d'un candidat au premier tour. Tous les premiers tours ont vu l'affrontement des grandes familles politiques (socialiste, gaulliste, droite modérée) avec une exception pour la famille communiste qui, à deux reprises (1965 et 1974), préféra soutenir, dès le premier tour, une candidature unique de la gauche représentée par François Mitterrand.

Les records de participation à un premier tour comme à un second tour d'élection en France ont été atteints lors des élections présidentielles de 1965 (premier tour : 84,75%) et de 1974 (second tour : 87,33%). Ce n’est pas le cas en Algérie.

Participation 1er tour : 84,75% en 1965, 77,59% en 1969, 84,23% en 1974, 81,09% en 1981, 81,38% en 1988, 78,38% en 1995.

Participation 2ème tour : 84,32% en 1965, 68,85% en 1969, 87,33% en 1974, 85,85% en 1981, 84,07% en 1988, 79,66% en 1995.

 

Les seconds tours ont tous été marqués (sauf en 1969) par des affrontements bipolaires gauche-droite et des victoires larges (Charles de Gaulle en 1965 avec 55,20%, Georges Pompidou avec 58,21% en 1969, François Mitterrand en 1988 avec 54,02%, Jacques Chirac en 1995 avec 52,64%) sauf en 1981 (François Mitterrand avec 51,76%) et surtout 1974 (Valérie Giscard d'Estaing avec 50,81% et moins de 450 000 voix d'avance sur son concurrent François Mitterrand).

 

Le rôle de l’élection présidentielle 

 

Potentiellement, l'élection présidentielle entraîne des effets latents: la personnalisation de la compétition électorale, la bipolarisation des configurations politiques, l'accentuation du rythme électoral. Les appareils politiques et les médias nationaux jouent un rôle prédominant et contribuent à modérer, sans jamais les marginaliser totalement, l'expression des jeux politiques, des clivages.

Obéissant à un scrutin majoritaire et national, l'élection présidentielle est également uninominale et comporte ainsi une dimension de personnalisation de l'offre politique qui, sans substituer pleinement l'affrontement des hommes à celui des familles politiques, contribue à une relative ouverture des choix politiques.

Le scrutin majoritaire à deux tours favorise le rassemblement des électorats en deux grandes coalitions qui dépassent la diversité des clivages politiques et partisans telle qu'elle s'exprime dans les élections législatives surtout lorsque celles-ci sont organisées à la représentation proportionnelle.

 

Nacer Boudjou

Journaliste

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Politique

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